Réécriture d’un article posté sur BS le 06/04/2017 – chronique.
De nouveau, merci aux Presses de la Cité et à Netgalley pour cette lecture.
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La Cité des Méduses (Kudottujen kujien kaupunki en version originale) est un roman de science-fiction écrit par Emmi Itaranta. L’objet livre est splendide, et le synopsis tout autant. Eliana est une citoyenne modèle, tisseuse au palais des toiles. Sa solitude se brise lorsqu’un autre jeune femme arrive dans le palais, seule avec un don qui la dépasse. Elle a la langue coupée et a une tatouage au creux de la main, le nom d’Eliana. Bientôt, elles se retrouvent à enquêter sur une machination orchestrée par le conseil dans une île qui commence à s’enfoncer dans les eaux. Eliana va devoir utiliser son don et commencer à rêver pour sauver les habitants de l’île et survivre.

Ce roman est une dystopie menée par une plume douce et poétique qui effleure son lecteur. Parfois trop mystérieuse pour s’engager totalement dans la lecture, l’autrice instille ses idées, dans un cadre insulaire onirique, peut-être entré dans notre réalité, mais à la temporalité inconnue. La description de l’île ne se fait que par endroits, points cruciaux pour l’avancée de l’histoire, comme des photos qui seraient prises au fil de la lecture. Je n’ai pas pu mettre 4/5 parce qu’il me manquait plein d’éléments. L’autrice a éveillé ma curiosité sans répondre à mes questions, je souhaitais en savoir plus sur la ville, l’île, le conseil.

Les rêves sont écrits en italique, parsèment le roman. Outre ce choix typographique intéressant, ce sont des passages très beaux, lyriques presque, et pourtant parfois malmenés par un brusque retour à la réalité. Tant et si bien qu’il m’est arrivé de me demander si je n’avais pas sauté une page. Le texte peut paraître lent, certains pourraient regretter un manque d’action, mais je ne l’ai pas ressenti comme un défaut, loin de là. Les relations, les craintes ont le temps de se nouer, l’histoire est traversée de rebondissements qui ont le temps de s’installer correctement.

Au niveau des personnages, j’ai aimé qu’Eliana subisse son environnement, même si elle dissimule souvent ses sentiments et ne se laisse pas facilement connaître. Elle traverse des épreuves horribles, et sa fragilité la rend profondément humaine, malgré ses facultés. J’aurai également aimé que son frère prenne plus de place dans ce roman et soit plus développé. Deuxième personnage principal, Valéria. Nous la rencontrons lorsqu’elle arrive au palais des tisseuses avec le prénom d’Eliana tatoué et une langue en moins. Elle m’a énormément touchée, c’était mon personnage préféré, et son mutisme fait toute sa force (et son charme). Elles ne sont pas parfaites, auraient préféré une vie simple et tranquille à ces tragédies.

C’est toute la force de ce roman, l’histoire est palpable. C’est étrange à dire mais on peut presque la toucher. On s’identifie à la peur, à la privation aux sentiments rencontrés au fil des pages. De même, la romance F/F est très belle, saupoudrée dans les chapitres, on voit Valéria et Eliana tomber amoureuses et c’est tellement pur que l’on veut juste qu’elles survivent et partent vivre toutes les deux d’amour et d’eau fraîche.

En conclusion, une lecture très agréable, poétique, malgré quelques passages obscurs et une fin trop rapide. Je n’ai malheureusement pas eu le petit je-ne-sais-quoi qui aurait provoqué un coup de cœur, je n’ai pas eu assez de réponses à mes questions, j'en suis sortie une peu frustrée. Les deux personnages principaux m’ont beaucoup touchée, tout comme la plume de l’auteur, dont j’espère découvrir d’autres ouvrages.

Connaissez-vous ce roman ? L'avez-vous déjà lu ? Dites-moi tout !